Par Patrick Dupriez & Jonathan Piron

Deux ans de travaux ont permis un nombre importants d’éclairages et d’échanges avec des historiens d’ici et de là-bas, de témoignages et de débats entre députés de toutes les familles politiques. Mais la commission parlementaires n’est malheureusement pas parvenue à un consensus politique sur les recommandations à formuler suite à cet important travail. Pourtant, de nombreuses recommandations adressées à l’ensemble des autorités publiques belges, concernant la recherche sur le passé colonial belge, la réparation, le racisme et la discrimination, l’enseignement… prolongeaient utilement ce travail de mémoire.

Un an après ce lamentable échec politique, la commission parlementaire décidait même de ne pas publier les rapports relatifs à son travail. Une première historique incompréhensible et inacceptable d’un point de vue démocratique.

Comme l’explique le député Guillaume Defossé, il ne pouvait être acceptable que l’ensemble des travaux de la Commission spéciale disparaisse purement et simplement à la fin de la législature actuelle.

Au contraire, nonobstant les écueils politique sur les conclusions à tirer de l’exercice mémoriel effectué, la teneur des rapports d’experts et des discussions parlementaires sont absolument d’intérêt public.

Etopia prend donc l’initiative de publier l’ensemble des documents relatifs aux travaux de la commission parlementaire sur le passé colonial dans une perspective d’éducation permanente et de transparence démocratique, inscrite dans notre devoir collectif de mémoire. Nous assumons le fait que la partie de ces rapports qui constitue le compte-rendu des débats de la Commission n’a pas été approuvée formellement et ne peut donc être considérée comme un document officiel. Elle est toutefois, assurément fidèle à la teneur des discussions qui y ont eu lieu.

Qu’on ne s’y trompe pas, ce devoir mémoriel n’est pas fondé sur une logique de culpabilisation historique mais bien sur la volonté de construire collectivement, à partir de nos histoires entremêlées, vécue de façons différentes selon les latitudes, un futur plus juste, débarrassé des scories coloniales racistes, nourri de liens forts et d’un respect réciproque.

Ainsi l’écrit l’écrivain Achille Mbembe : « Il faut cesser de lier les luttes pour la mémoire aux luttes pour l’identité comprise comme différence insurmontable. Là ou la colonisation, l’esclavage, le sexisme nous ont trop longtemps divisés, nous devons remplacer la politique de la différence par la politique de l’en-commun. »

 

Le premier pas de tout devoir de mémoire est la capacité d’ouvrir les yeux et de croiser les regards, honnêtement et courageusement. Ce pas, le Parlement belge ne l’a effectué que jusqu’au milieu du gué. « Nous avons failli être fiers de vous ! » écrivait récemment la journaliste Colette Braeckman.

Heureusement l’histoire continue à s’écrire…

 

Patrick Dupriez
Jonathan Piron